Les Archivistes

Extrait du T.U. Janvier 1958

Un périodique pour jeunesIMG_0007

Mon ami. Monsieur BRUNEL, me communique son texte avant de I ’envoyer à l’impression. Pourquoi, grands dieux ?

Non pour que je le revoie ou le Censure. De quel droit le ferais-je?

Bien plutôt, je crois, au nom de L’amitié et en raison d’efforts accomplis en commun pour assurer la vie à ce jeune périodique qu’est

« TROUBADOUR ».

« TROUBADOUR » est né, il a cherché sa voie.

Il l’a trouvée, il grandit, il s’étend… Demain, il sera le grand périodique des jeunes.

Mes amis les instituteurs ne lui feront jamais assez bon accueil.

M. GODERNIAUX.

Inspecteur Général de l’Enseignement Primaire.

TROUBADOUR

MENSUEL POUR LES JEUNES

Nous n’oublierons jamais ce cri d’alarme poussé par un jeune conférencier français :

« Les journaux illustres empoisonnent la jeunesse d’aujourd’hui ».

C’était en mai I955, dans une salle de cinéma d’essai du Ministère de l’instruction publique.

Dès les premières images du film (une histoire de Superman), nous fûmes bouleversés. Etait-ce là la nourriture dont nous gavions les jeunes de chez nous?

Ruse et force brutale des héros, sensualité ou cruauté féminine, bassesse et lâcheté des hommes de couleur. De gros plans faisaient ressortir le caractère à la fois vulgaire et impressionnant de chacun des dessins. L’histoire tenait en haleine, née de l’imagination la plus téméraire. Quel écœurement devant tant de laideur et surtout devant tant d’habileté diabolique?

« Le voilà le poison! », pensions-nous.

Et qu’y‘ trouver à redire ? Le bon l’emporte toujours sur le méchant! La morale en apparence, est sauve ! Mais le trouble qui s’éveille dans l’âme des enfants devant ces images de tortures, d’absurdes passions, ce trouble n’est-il pas insidieux, ne va-t-il pas fausser les plus saines notions, grandir et provoquer des lésions inguérissables?

Et nous, les éducateurs, comment réagirions-nous?

Pour nous, ce fut un choc, une prise de conscience.

Mais comment lutter?

Un moyen : entrer en lice à son tour avec les meilleures armes, le courage, l’amour, l’honnêteté et lancer un journal. L’entreprise est audacieuse, nos moyens financiers quasi nuls, mais nous décidons d’agir et nous réalisons le « TROUBADOUR »

Le voici ! Sa tâche est difficile et pour vivre, « TROUBADOUR » a besoin d’amis qui contribuent à son essor, qui l’aident dans sa lutte, une lutte passionnante pour nous, pour vous, pour tous ceux qui aiment les jeunes.

Comité de rédaction : A. et F. LENGER.

M. L. VALENTIN.

P. VINCK.

C’est en avril 1956, avec le premier numéro de TROUBADOUR qu’une petite équipe d’éducateurs, petite mais follement téméraire, lançait cette lettre émouvante.

Né d’un grand élan d’enthousiasme, de confiance et d’amitié à l’égard de la jeunesse actuelle, un journal pas comme les autres prenait son élan.

Réalisé à l’aide de moyens financiers pratiquement nuls et par une équipe extrêmement réduite, dispersée, de plus, aux quatre coins du pays. TROUBADOUR devait pourtant vivre.

Et s’améliorer!

Vous ne serez pas nécessairement d’accord avec TROUBADOUR. Il présente des lacunes.

Vous le trouverez peut-être inaccessible, trop sérieux, trop maigre; vous penserez sans doute qu’il y manque des dessins et des photos en couleur, qu’une parution mensuelle est insuffisante.

Je partage ce point de vue.

Les jeunes ont besoin d’un périodique qu’ils retrouvent fréquemment avec plaisir : un périodique copieux et riche, généreusement agrémenté d’illustrations en couleurs; un périodique où ils puissent trouver, sous une forme vivante et attrayante, mais de haute qualité, des articles et des chroniques répondant à leurs multiples intérêts : sciences, explorations, aventures, voyages, contes, chroniques littéraires, musicales, artistiques, techniques… etc.

Ce beau rêve est à l’aube de la réalité.

Il dépend de peu de chose.

Le journal existe; une équipe existe qui, modestement mais avec un fougueux idéalisme, le pousse en avant.

Qu’une partie seulement des éducateurs de bonne volonté décide d’agir et le miracle s’accomplit. Que ceux qui tentent d’inculquer à leurs jeunes élèves le sens de la coopération s’unissent en un vaste et généreux mouvement coopératif et les jeunes seront dotés du plus beau périodique qu’ils méritent.

La modeste moyenne de trois à quatre abonnements par commune suffirait à assurer des améliorations spectaculaires de TROUBADOUR. L’expérience prouve que l’élite des jeunes apprécie et aime déjà TROUBADOUR dans sa forme actuelle. L’avis autorisé de nombreux éducateurs de marque prouve qu’ils n’ont rien à y perdre. Que les éducateurs soucieux de l’avenir culturel des jeunes qui leur sont confiés poussent les meilleurs de ceux-ci (et leurs parents !l) à souscrire un abonnement et la présentation du journal fait un bond en avant qui lui assure l’intérêt d’une nouvelle couche de lecteurs.

Je ne veux pas, devant des éducateurs, développer une argumentation en faveur d’une idée dont je les crois convaincus. Mon seul but est de vous exposer un problème et de vous en proposer une solution : un périodique pour jeunes existe et vous pouvez contribuer à en faire la plus belle revue que méritent les jeunes et l’Enseignement officiel.

Mon espoir est que, ou bien vous adopterez la solution proposée, ou bien vous nous en proposerez une meilleure!

« Et que deviennent les tout jeunes? » s’écrieront beaucoup d’instituteurs! Ne croyez-vous pas qu’il sera facile et peu coûteux, à partir d’un journal bien installé, d’éditer un numéro pour les cadets? Cet aspect du problème ne mérite-t-il pas votre considération?

J’aurai le plus grand plaisir à répondre à tous ceux d’entre vous qui désireront connaître de plus près TROUBADOUR, son équipe et leurs problèmes.

Alfred BRUNEL

65, rue G. Mobile

Havré.

Extrait du T.U. Octobre 1957

LE MAUDITIMG_0006

Nouvelle littéraire d’Eugène DELÀISSE (I, 1954)

Père Antoine n’avait pas desserre les dents de la soirée.

Il enleva des lèvres son éternelle pipe de noisetier et dit brusquement à sa vieille compagne :

– le suis inquiet, Marie, Ça fait un p’tit temps qu’on n’a plus vu Yan, Il serait malade que cela ne m’étonnerait guère.

– Tu te chiffonnes pour une gargouille, va, D’ailleurs, le curé n’a-t-il-point dit que des gens étaient possédés du démon, M’est avis qu’il parlait de Yan.

L’homme haussa les épaules, considéra distraitement le tabac éteint et le ralluma, songeur et visiblement contrarié.

– Pauvre Yan, murmura-t-il.

Yan était le maudit du Village, Tous méprisaient sa solitude, le mystère dont il s’entourait et surtout sa laideur, Une large balafre lui déformait le visage et inspirait la peur.

On ne savait rien de cet homme massif et rude, venu, peu après la guerre, occuper, à deux doigts de la forêt, un pavillon délabré et miteux, La frondeur des gens, leur méchanceté même l’avaient isolé, si bien que le bois tout proche était devenu son refuge, un univers auquel il s’était forcément attaché.

Il descendait parfois au village s’approvisionner chez Père Antoine, le seul être à avoir entendu sa voix, une voix chaude et étrangement douce, peut-être l’unique aussi à plaindre sa solitude et à la respecter.

…Antoine se leva, revêtit sa pelisse et sortit sans un mot, Il faisait nuit. Dans un ciel de décembre lumineux et figé, une lune jaunâtre animait les étoiles, Un ciel de gel!

Au détour de la route qui fuyait vers le bourg, Père Antoine s’arrêta, Là-haut, au-dessus des abruptes prairies noyées dans le noir, il devina une pâle lueur que l’ombre des arbres recelait comme dans une étreinte.

– Yan est donc la, murmura le vieil homme soudain perplexe. Que vais-je lui dire à cette heure?

L’envie de rebrousser chemin le tenailla un instant: mais, quand instinctivement il se retourna, entrevit la masse sombre des maisons et perçut la présence de ceux qui maudissaient Yan, il quitta les pavés et, frappant le sol gelé, de son bâton de frêne, entreprit l’ascension du sentier long et rude qui menait au sommet.

Essoufflé et las, à quelques pas a peine de la misérable cabane, Père Antoine vacilla sous l’emprise d’un vertige.

– Le cœur, se dit-il ; mais il savait que c’était une peur qu’il n’osait s’avouer et dans laquelle s’infiltraient les ridicules effets de la superstition.

Il frappa.

– Qui va là? fit une voix brutale et rauque que le vieux devina plus qu’il ne reconnût.

— C’est Antoine, l’épicier!

Il y eut un court silence,

Sous l’effet du froid vif et de l’incertaine attente, Père Antoine frissonna.

– Entre vieux !

Antoine poussa la porte et crut défaillir.

Plus jamais, il n’oublierait ce visage décharné et bleui par le froid et ces yeux cruellement vivants que les faisceaux étranges d’une veilleuse rendaient hagards et plus brillants encore.

— Tu as peur, Père Antoine ?

– Non, Yan, non, c’est le froid, balbutia le brave homme,

– Oui, le froid, répéta Yan se dressant péniblement sur son séant.

Père Antoine regarda tristement les deux bras maigres et nus émerger des couvertures usées et sales, Il aurait voulu les étreindre, crier à cet homme qu’il ne l’avait jamais haï et ne demandait qu’à pouvoir l’aimer, le comprendre, l’apaiser, Il se tut pourtant.

– Tu ne dis rien, Antoine, Tu me croyais mort, hein!

Le vieux esquissa un geste de dénégation mais Yan l’arrêta.

– Ne te fatigues pas, Mes poumons sont cuits. Bientôt, ce sera la délivrance.

Derrière les yeux du vieillard, s’amassaient des larmes qu’il n’osait libérer.

Le moribond enchaîna avec un maigre sourire:

– Tu es venu à point, Père Antoine.

Écoute-moi vieux, je suis à bout, je le sens mais quand je ne serai plus là, tu iras leur dire qui était Yan le maudit, Peut-être alors comprendront-ils ?

Plus de dureté dans ces propos mais plutôt une extrême tristesse et une résignation que la maladie avait engendrées.

Père Antoine se sentit faible et malheureux, l’autre cependant acheva sa confession:

-Au début de la dernière, j’avais trente ans, On me mit dans les mains un fusil, des cartouches et en avant pour la stupide comédie.

Un soir, dans une embuscade, une baïonnette me laboura la face (l’homme respirait difficilement). On m’a recousu, mais ma laideur me tua plus que mes blessures. Quand j’appris la mort de ma femme et du gosse, je regrettai d’être encore en vie, L’idée de me supprimer lâchement me répugna et je m’enfuyai pour échouer ici au milieu de ces faces qui me blâment sans aucune pitié.

Héros, patrie, martyrs: des grands mots, Père Antoine.

Yan essuya avec un coin du drap la bave qui suintait de ses lèvres difformes et, sur le linge sale qui avait été blanc, Antoine aperçut une trace rougeâtre.

– Du sang, songea-t-il avec une impuissance qui le paralysait.

Yan parut soulagé, Il ébaucha une grimace qui se voulait un sourire.

– Maintenant vieux, pars, Je veux être seul.

Père Antoine se leva, anéanti et pâle, marcha jusqu’à la porte:

– A demain, Yan dit-il machinalement et sans se retourner s’enfonça dans la nuit.

Quand il revint à l’aube, Yan avait disparu, emportant avec lui sa part de mystère et peut-être l’espoir d’avoir été compris.

On ne le retrouva jamais.

Les troncs secs et nus et les sous-bois arides dissimulaient des gouffres que les gens du pays disaient être sans fond…

 

 

Extrait tiré du T.U. 01/07/1955

IMG_0005La parole est aux Etudiants

Mai 1955 -L’Ecole Normale en voyage.

La Section Littéraire à Paris

MONTMARTRE…

Les élèves de seconde littéraire ont fait, cette année, leur traditionnel pèlerinage à Paris, centre intellectuel et artistique du monde entier.

Profitant d’une après-midi de liberté, nous avons décidé à quelques-uns, de nous rendre au Sacré-Cœur, dont la visite n’était pas inscrite au programme.

Pour atteindre la butte Montmartre, nous avons emprunté la rue Lepic qui est assurément l’une des artères les plus animées de Paris.

Laissant derrière nous le Moulin de la Galette auquel Renoir consacra une toile que nous avions admirée le matin même au Louvre, nous arrivons enfin sur la place du Tertre, au pied de la Basilique. Et tout de suite, nous sommes pris par l’atmosphère enfiévrée de ce coin pittoresque du Vieux Paris. Partout de jeunes peintres barbus et dépenaillés essaient de créer le chef d`œuvre qui leur fera un nom. Toutes les langues du monde s’y entendent, à tout moment, des cars y débarquent des touristes souriants : ici des riches Yankees choisissant des tas de souvenirs, là des Espagnols écoutant religieusement les explications de leur guide.

La visite de la Basilique ne nous a pas déçus: le Sacré-Cœur est assurément l’un des monuments les plus imposants que nous ait donné l’art chrétien pendant la période contemporaine.

De sa terrasse, on découvre toute la ville. Nous sommes restés longtemps à regarder Paris qui s’étendait à nos pieds. Certes le panorama ne différait pas de celui que l’on peut avoir de toutes les grandes villes : nous y retrouvions le même entassement des maisons, les mêmes rues étroites déboulant sur quelques artères plus importantes. Mais nous aimions y découvrir les monuments que nous avions visités durant notre séjour et qui, eux, sont uniques au monde : le Louvre qui abrite les chefs-d’œuvre de toutes les époques depuis la Vénus de Milo jusqu’aux tableaux tourmentés de Van Gogh, Notre-Dame de Paris, le spectacle permanent offert par les quais de la Seine, la tour Eiffel dont la silhouette est devenue le symbole de la capitale française.

Ce n’est pas sans regret que nous sommes redescendus vers la ville car nous pensions que déjà notre voyage touchait à sa fin alors que tant de choses encore nous restaient inconnues.

PARIS-SIXIEME

La popularité dont jouit à l’étranger le quartier de Saint-Germain-des-Prés est due à ses << cafés littéraires et à ses << Caves >› où se manifeste la philosophie des hurluberlus du siècle.

Le touriste pénètre dans le sixième arrondissement avec l`espoir, vite déçu, d’y découvrir l’originale tribu.

Des rues calmes et étroites du vieux quartier, bordées de vitrines d’antiquaires, se dégage une atmosphère étrange que l’on ne rencontre nulle part ailleurs. Ce quartier de Paris est le quartier de l’histoire, du souvenir et de l’intellectualité. L’école des Beaux-Arts, la faculté de médecine, l’Institut de France, groupés autour du Vieux clocher de Saint-Germain, protègent de la pioche urbaniste les sombres venelles où Racine vécut et où rêva Gérard de Nerval.

Saint-Germain-des-Prés est un monde dans l’univers de Paris, cette ville dont Eustache Deschamps disait :

<< Tuir estrangier l’aiment et aimeront

Car pour déduit et pour être jolie

Jamais cité telle ne trouveront.

Rien ne se peut comparer à Paris.

Pierre CHAPELLE 1ère littéraire.

 

A PROPOS DE VERSAILLES

CaptureLe second jour de notre voyage au cœur de la France nous réserva une matinée faste entre mille. Trois châteaux défilèrent devant nos yeux inaccoutumés à enregistrer d’aussi vives clartés.

De la Malmaison, nous n`entrevîmes que la façade, à travers les grilles. Cela nous suffit peut-être pour matérialiser rapidement l’ombre de la Martiniquaise, flottant, avec nonchalance, dans les allées du parc.

Le Grand Trianon, vu de l’extérieur également mais de plus près, nous laissa une impression d’abandon et de tristesse : un peu comme un nouveau Château de la Belle au Bois Dormant, un château qui attendrait immobile et majestueux, l’heure de son réveil.

Que nous apporterait Versailles après cela ? Ce fut un couronnement qui nous paya du reste.

Deux siècles de prestige nous contemplaient.

Je voudrais, parodiant Mme de Sévigné, conter la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus étourdissante, la plus inouïe qui sait.

Mais, par le truchement du cinéma, Sacha Guitry le fit bien mieux que je ne pourrai jamais le faire, même avec des mots divins.

La seule ressource est d’y aller voir. Car Versailles ne peut venir à nous, ni par des phrases, ni par des reproductions. Versailles se voit.

De la Cour intérieure à la Galerie des Glaces, de la statue équestre de Louis XIV à l’Escalier de la Reine, en passant par le Cabinet du Conseil à la Bibliothèque du Dauphin, ce n’est qu’un festival de beauté grandiose.

Tapisseries et plafonds peints, meubles et décorations, tout s’étale avec bonheur et équilibre.

Nous ne visitâmes qu’une infime partie du château, et cependant, sans le fil d’Ariane personnifié par notre guide, nous aurions éprouvé des difficultés pour sortir de ce dédale.

Nous aurions souhaité y demeurer plus longtemps, tant il nous plaisait de goûter à cette tranche de la plus belle histoire du monde, tant notre pensée se sentait flattée de pouvoir imaginer en rêve le va-et-vient des courtisans, les sourires discrets de Marie-Thérèse, le noble maintien de la Polonaise ou la démarche si souple de Marie-Antoinette !

Il nous aurait été agréable aussi, tels de nouveaux Asmodée, de découvrir les faits et gestes des personnages illustres qui peuplèrent ce palais aux multiples joyaux.

Mais la barrière des siècles nous ramena bien vite à la réalité.

Que dire de plus pour traduire nos plus intimes impressions?

Que Versailles, à l’époque, répondait à un besoin, à une aspiration vers la grandeur.

Franz  VANHELLEPUTTE  2ème Littéraire

Extrait tiré du T.U. N°3 1960

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ECOLE MOYENNE D’APPLICATION

Quelques poètes de l’E.M.Abeffroi

MON AMI

Mon ami, mon ami

Mon grand copain d’aujourd’hui

Par un frais matin

Tissé de satin

Je t’ai découvert

Dans l’écume et la poussière

Tu étais débardeur

D’un grand port… d’ailleurs

BUFFE. M. 6 LB – 12 ans

FLEUR DES BOIS

Fleur des bois

Qui pousse sous mon toit

Tu répands ton parfum

Sur mon tabouret brun

Quand le matin tu t’éveilles

Sous le rayon du soleil

Je viens te regarder

Près de ton ami le muguet.

Malheureusement, tu vas mourir.

J’ose espérer sans trop en souffrir.

La maison ne sera plus embaumée

De ton odeur fraîche di l’année ;

Le paradis des fleurs s’ouvrira

Alors pour toi

Ma chère fleur des bois…

BENON. ].P. 6 MA – 12 ans.

PECHEUR D’OMBRE…

Dans l’ombre

Un pêcheur rame…

Sur la mer calme…

Un matin sombre…

DEBERG. G.  6 LB – 12 ans.

 

Extrait tiré du T.U. N°2 1973-1974

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Discours de M. l’inspecteur BRICHANT,

Président du Jury,

Monsieur le Directeur, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Parents des nouveaux promus,

Mon premier soin sera d’exprimer ma satisfaction d’avoir avec mon collègue M. l’inspecteur KRANTZ, présidé le jury chargé de délivrer ses lettres de créance à la promotion de nouveaux maîtres que nous proclamons ce jour.

Ils furent formés et se sont formés dans le cœur de ces vénérables bâtiments de l’E. N. de l’Etat à Mons auxquels une couche de peinture suffit, il le faut bien, à rendre périodiquement une nouvelle jouvence.

Heureusement, son Directeur et son équipe de professeurs n’ont pas, eux, besoin d’artifices pour demeurer jeunes, alertes, vigilants… et soucieux de créer dans leur école une atmosphère de bonne volonté, de sérieux – un sérieux qui n’exclut ni la cordialité, ni la bonne humeur – sans oublier ce goût du travail bien fait qui anime à la fois maitres et élèves.

C’est dans cette atmosphère, assez libérale dans ses moyens moins individuellement contraignante par le but ci atteindre que les jeunes gens, lauréats d’aujourd’hui, devaient se forger une compétence et un idéal sans lesquels le métier qu’ils veulent entreprendre ne leur apporterait aucune joie profonde. Demain, nous l’espérons, ils se montreront dignes de cette profession et ils feront la fierté de l’E. N. qui les a formés.

C’est à eux que je m’adresse à présent. Vous venez de conquérir un diplôme après ce qu’il vous a coûté d’efforts, de privations et peut-être d’angoisse, vous avez hâte de vous échapper et d’aller, enfin, goûter à cette coupe remplie de nouvelle liberté, d’indépendance toute fraîche et d’activités adultes. Pourtant, avant de vous laisser bondir, je vous convie à un dernier point fixe de réflexion… Car tout n’est pas joué

Sortis de l’enfance d’un bond… ayant passé l’adolescence en rase-motte, vous venez de vivre 100 millénaires en 20 ans… et maintenant, vous allez faire croisière vers la maturité en exerçant un métier. Un des plus beaux métiers assurément : le service de la formation initiale de la jeunesse. Un beau métier mais aussi un des plus contraignants car après un tel choix vous n’êtes plus libres.

La première qualité qu’on est en droit d’exiger d’un bon maitre est de demeurer vigilant. Pas seulement la vigilance qui s’exerce à l’égard des élèves mais aussi celle qu’il convient d’avoir constamment vis-à-vis de soi-même. Chacun, dans une très large mesure, se sert de son métier comme d’un moyen, non seulement de développer les qualités qu`il possède en puissance, mais encore comme d’un moyen de suppléer aux insuffisances qu’il sent en lui-même. Futurs maîtres, soyez vigilants pour ne point laisser teinter votre attitude à l’égard des enfants en général ou de certains en particulier, par des sentiments de jalousie, par le besoin de dominer, par une agressivité s’extériorisant en sarcasmes; ce qui constituerait une menace latente pour l’heureux développement des êtres humains dont vous auriez la charge. L’éducation authentique, celle qui n’est ni police, ni dressage mais formation d’un adulte cultivé et autonome, n’est jamais qu`une auto-éducation; l’éducateur étant alors un éveilleur, un témoin, un libérateur, un guide. L’école vous a préparés à jouer votre rôle de cette manière mais ce qu`elle n’a pas probablement eu le temps de vous répéter assez c’est que ce rôle de guide va au-delà de la matière à enseigner. Devant chaque enfant de votre classe et cela chaque année vous passerez un examen de maturité car si un enfant d’école primaire obéit souvent à son maitre, toujours il subît l’influence de l’homme. Et c’est là que votre vigilance devra s’exercer : pour le plus grand bénéfice des nombreuses générations qui vous regarderont en passant entre vos mains, vous avez l’impérieux devoir de devenir des adultes vrais. Non pas celui qui devant la pression des idées, hésite, s’interroge au lieu de s`informer et bien souvent abdique. Non pas celui qui accepte de fournir aux jeunes aventuriers un habit de cosmonaute alors qu’ils auraient plus besoin d’une bonne paire de brodequins. Non pas encore celui qui se transforme en petit père tranquille démissionnaire ou s’abaisse à jouer le copain à barbiche et à culotte courte qui se veut dans le vent et donne la réplique en argot. Non pas enfin celui qui préfère cracher sur les tombes ou sur la vie, au lieu de se cracher dans les mains.

Mais celui qui ne craindra pas d’opposer au mensonge commercialisé, le souci du VRAI, à la mode «  pop », la qualité du BEAU et qui luttera avec le BIEN contre le sexe pornographié.

Celui qui n`aura pas peur de montrer aux jeunes que l`on trompe et aux adultes qui se trompent qu’il faut replacer l’homme debout sur ses deux pieds.

Vous serez un maitre au sens le plus noble, si vous êtes convaincus qu’on n’en finit pas de devenir un homme.

Jadis, le progrès devait lutter contre les préjugés, les habitudes de vie. Maintenant, c’est le progrès, lui-même, qui nous prépare des habitudes contre-indiquées car dès l’instant où le confort et le standing s’installent dans une maison comme dans un peuple où le plus clair de l’énergie est voué à s’épargner du travail… commence la stérilité mentale et la dérive dans la routine.

L’enseignement qui doit se faire au futur de l’indicatif ne peut l’être par ceux qui sont déjà des petits vieux avant d’être des hommes.

C’est vous dire qu’il n’est pas question d’avoir bientôt une vie facile. Rien ne se construit d’ailleurs dans la facilité. Chaque fois que nous faisons un pas en avant, cela nous coûte des efforts, chaque fois que l’humanité a accompli un progrès c’est en se faisant violence.

La route dans laquelle vous vous êtes engagés aujourd’hui est une voie difficile.

Cependant malgré l`aspect apparemment ardu de l’entreprise, malgré la force des courants contraires, son couronnement ne relève pas du prodige. Chacun peut y prétendre quand il n’a encore que 20 ans.

L’essentiel est de faire un pas chaque jour. Tous les efforts positifs se consolident alors, l’un par l’autre, et s’appellent mutuellement au progrès. Il suffit de conserver assez d’ambition pour vouloir vivre et ne pas seulement vouloir exister.

Voilà jeunes gens, l’essence même du diplôme qu`il vous reste à conquérir demain. La matière à apprendre, elle est en vous-mêmes et dans la vie. Faîtes en sorte que cette vie qui vous attend ne soit pas un simple saut dans l’âge adulte pour vous y installer et en jouir comme on le ferait d’une pension de retraite.

Faites que votre vie soit une marche en avant afin que dans 20 ans, à ce nouvel examen qui vous attend inéluctablement, vous soyez encore une fois, comme aujourd’hui, des vainqueurs.

Extrait tiré du T.U. N° 4 1960

 

ECOLE NORMALE DE MONS

ANNEE SCOLAIRE 1876-1877.TU 1960 - 4

Questions posées à l’examen d’admission.

RELIGION

  1. Quelle différence y-a-t-il entre l’attrition et la contrition parfaite ?
  2. Quels sont les biens que nous recevons par le sacrement de pénitence. et quelles sont les conditions nécessaires pour se bien confesser?
  3. Notre-Seigneur. dans le sermon sur la montagne, a dit : Bienheureux ceux qui sont pauvres volontairement parce que le royaume des cieux est à eux. Explique: le sens de ces paroles.

CALLIGRAPHIE

2 lignes en grand. 2 en moyen et 1 en fin. Alphabet, majuscules et les chiffres. Texte pour l’expédiée.

ORTHOGRAPHE

L’amour de la patrie.

L’amour du sol natal est inné dans le cœur de l’homme, et cet amour est d’autant plus fort que nous sommes plus malheureux. Un sauvage tient plus à sa hutte qu’un prince à son palais.

Est-il, d’ailleurs, rien de comparable à la patrie? La lumière de son soleil dans laquelle se sont baignés nos premiers regards, est plus doux pour nos yeux; et son pain fut-il trempé de nos sueurs, nous semble avoir meilleur gout. Il y a dans tous les objets qu’elle nous offre, dans l’air que nous y respirons, dans tous les sons qui y frappent notre oreille, je ne sais quel charme sympathique, qui provient sans doute de ce qua toutes nos sensations se mêle un confus ressouvenir, et pour ainsi dire, une trace indistincte des personnes qui nous ont aimés.

La famille et la patrie réfléchissent l’une sur l’autre ce que leur caractère a de sacré. La famille, c’est la patrie en abrégé; la patrie, c’est la famille agrandie. Félicitons celui qui garde dans son cœur un culte à ces deux saintes affections. Il n’est point d’amertume dans la vie à laquelle elles ne mêlent quelque douceur.

Nous qui sommes Belges. Soyons fiers de porter ce nom.

Si la Belgique n’est qu’un petit pays, elle est grandie par son industrie et par le noble usage qu’elle fait de sa liberté.

Aimons la Belgique, cette terre heureuse où la constitution la plus libre fleurit à l’ombre de la royauté la plus populaire.

Aimons la Belgique; c’est le pays que nos pères ont fertilisé par leur travail, illustré par leurs vertus, défendu au prix de leur sang.

Que de glorieux souvenirs se rattachent à notre patrie ! Que de grands hommes et d’artistes ont porté au loin la gloire du nom belge !

C’est aux jeunes générations, c’est à vous, mes amis, qui êtes l’espoir ct l’avenir du pays, de suivre les nobles exemples do vos aïeux. Entretenez dans vos cœurs le patriotisme le plus sincère et le plus ardent; gardez comme un dépôt sacré cette précieuse indépendance que vous ont léguée vos pères; sachez la défendre, si un jour elle se trouvait menacée: à l’heure du danger, groupez-vous tous ensemble autour du drapeau national, vous souvenant de cette sage devise : l’Union fait la force.

REDACTION

Dans une de vos plus récentes promenades, vous avez rencontré un charretier brutalisant son cheval, parce que le pauvre animal ne pouvait gravir la cote, la charge du véhicule étant trop forte. Vous êtes intervenu. Vous avez: fait appel à la sensibilité du voiturier. Vous avez touché son cœur. Au lieu de frapper encore un serviteur si utile, il a eu recours à d’autres moyens et il a pu poursuivre sa route après vous avoir remercié de vos excellents conseils.

Ecrivez ce fait a un ami en y ajoutant quelques réflexions.

ARITHMETIQUE

  1. Quel est le poids du franc ? Montrez comment le franc dérive du mètre.
  2. On fond ensemble trois lingots d’or : le 1er au titre de 0.9, pèse 3O kg ; le second, au titre de 0.8, pèse 90 kg ; le troisième, au titre de 0.92, pèse 5O kg. Quel est le titre de l’alliage ?
  3. A quel taux l’argent est-il placé quand on reçoit 4 fr.50 centimes d’intérêt par an pour un capital de 104 francs.

HISTOIRE

1° Qu’appelle-t-on Croisades ? Racontez brièvement ce que vous savez du héros de la première croisade.

2° Enumère: les causes de la révolution de 1830: faites connaitre les nuits de cette révolution.

GEOGRAPHIE

1° Tracez le voyage par eau de Mons à Charleroi, et indiquez les principales localités que vous rencontrez sur votre route.

2° Nommez les mers formées par la Méditerranée et faites connaitre les pays baignés par chacune d’elles.

LANGUE FLAMANDE

Dictée. Thème. Version. Lecture d’un morceau.

INAUGURATION DE L’ECOLE NORMALE DE MONS

Le jeudi 9 novembre a eu lieu l’inauguration de 1’ecole normale de Mons, en présence des professeurs, des élevés et de leurs familles. Le magnifique réfectoire de l’établissement avait reçu une décoration de circonstance pour la cérémonie; des draperies aux couleurs nationales étaient suspendues au-dessus du buste du Roi. A 5 heures, le directeur de l’école a prononcé pour l’ouverture le discours suivant :

Messieurs,

Ce n’est pas sans une émotion profonde que je prends la parole dans une circonstance aussi solennelle. Le monument que nous inaugurons, souvenir impérissable du talent de l’architecte qui l’a conçu est un temple consacre non pas seulement à l’éducation de la jeunesse, mais à la formation des maitres eux-mêmes appelés a enseigner dans les écoles primaires. Or tout le monde en convient, l’avenir intellectuel et moral de nos populations dépend, pour une large part de l’instruction et des garanties morales offertes par les instituteurs. Il est donc naturel que le sentiment de la haute importance des fonctions que m’a confiées le gouvernement du Roi me pénètre vivement en ce moment.

Cependant, je me trouve soutenu par la pensée que la voie à suivre est clairement tracée. Mes collaborateurs et moi, nous n’avons, en-effet, qu’à nous inspirer de l’esprit et des traditions de la loi de 1842. L’enseignement normal organisé en vertu de cette loi, a déjà produit dans le pays des fruits abondants; et quand on songe à ce qu’était naguère l’instruction primaire et à ce qu’elle est devenue aujourd’hui, on ne peut qu’être fier du chemin parcouru depuis trente-quatre ans.

Appelés aussi à former des maitres, nous consacrerons d’abord nos efforts à avoir des instituteurs instruits; instruits surtout dans les matières qui sont l’objet essentiel de l’enseignement primaire et exercés à les enseigner par la pratique des meilleures méthodes pédagogiques. Cet objet essentiel a été très bien défini par la loi de 1842 et le quatrième Rapport triennal sur l’enseignement primaire l’expose avec une parfaite justesse. «  D’après cette loi dit-il, l’école primaire a pour mission, non pas de former les enfants à l’exercice d’une profession spéciale quelconque mais de leur donner une bonne éducation morale et religieuse et les éléments de l’instruction nécessaire dans les diverses conditions de la vie.

Cependant si les matières prescrites par la loi doivent faire particulièrement l’objet d’un enseignement sérieux et approfondi, il a toujours été entendu qu’il n’y a là qu’un minimum.

Il est d’autres matières dont l’utilité est incontestable et dont l’enseignement fait partie du programme des écoles normales. Citons, par exemple, la tenue des livres, le dessin et la musique.

Il en est de même des sciences naturelles, qui, par les étonnantes découvertes qu’elles ont fait surgir, par l’intérêt qu’elles répandent sur le spectacle de la création, captivent au plus haut point les esprits de notre époque. Il faut donc, au moins, inculquer aux élèves normalistes des notions scientifiques suffisantes qui leur donnent la clef des phénomènes les plus généraux et leur inspirent le goût de développer plus tard, par la lecture, ces connaissances élémentaires. La culture maraichère et l’arboriculture se rattachent intimement aux sciences naturelles et en sont des applications fécondes. Aussi font-elles partie intégrante de nos programmes, avec l’approbation de tous les amis de l’enseignement. Et, en effet, tous les instituteurs de la campagne ont un jardin; ils peuvent y appliquer les connaissances qu’ils ont puisées à l’école normale et les propager parmi leurs élèves. Ce sont là, on ne peut hésiter à le reconnaître, des résultats importants et qu’il est sage d’assurer.