Extrait du T.U. n°65 de 1963

Vingt Normaliens au pays du Soleil

« Vedere Napoli e mori ! » .

Nous n’avons pas vu Naples et, d’ailleurs on n’a guère envie de mourir à la fleur de l’âge !

Nous en sommes donc revenus ; j’entends par là que nous avons regagné le bercail, car, dans un autre sens, nous n’en sommes pas encore revenus !

Que de merveilles , en effet, nous avons admirées sous la conduite des gais et compétents mentors que sont Messieurs Bruneel et Merckx ; les énumérer toutes, relater les profondes impressions éprouvées, n’est pas notre propos ; ce court article n’a point la prétention de concurrencer le Baedeker, mais de rappeler simplement quelques-uns des beaux et bons moments vécus pendant quinze jours.

C’est par Mila que nous avons vraiment abordé l’Italie ; nous n’avons pas vu grand-chose de la vallée du Pô, tant nos yeux étaient appesantis par la fatigue d’un voyage de vingt-quatre heures en train ; certains même qui, comme dirait Monsieur Suys, étaient « sommo vinoque sepulti », ne se sont réveillés que devant le Dôme de Milan !

Dans la cité qui vit naître le fascisme, une matinée nous a suffi pour admirer le joyau du gothique flamboyant, le Duomo, visiter le palais Sforza, et, au hasard d’une randonnée à travers la ville, jeter un coup d’œil sur d’autres monuments, le building Pirelli par exemple et assister à quelques scènes de la vie bourdonnante du centre de l’industrie italienne.

Après un déjeuner qui compte dans la vie d’un honnête homme, nous avons gagné la perle de la Toscane, Florence.

Quelle belle ville ! Paresseusement étalée des deux côtés de l’Arno, elle offre au visiteur émerveillé des rues et des quais pittoresques, d’inestimables joyaux architecturaux, une forêt de campaniles et surtout une certaine légèreté de l’air, qui rappelle invinciblement Paris.

On ne sait ce qui vous enchante davantage ; nous nous rappellerons les trésors d’art des Uffizi, les splendeurs de Santa Maria dei Fiori, la poésie des jardins, l’incomparable sensation d’équilibre que donne une longue flânerie le long des lungarni.

Quant à Fiésole , cette délicieuse colline ensevelie sous les pins et les villas de marbre rose, on y passerait des heures à regarder vivre Florence à ses pieds !

Après Florence, par l’autostrade si heureusement baptisé « via de sole », nous avons rallié Pise.

Bien entendu, nous nous sommes précipités sur cette tour, « qui ne penche que d’un côté » comme le dit si drôlement Robert Lamoureux ; mai, cette visite classique terminée, nous avons été voir de près la cathédrale et sa fameuse porte en bronze et, non loin de là, une curieuse porte en bois, la seule connue datant du moyen âge ; le Baptistère et les sculptures de Jean le Pisan ont fait ensuite l’objet d’une très intéressante visite.

Mais Rome nous appelait et, après une dernière photo de la tour, nous nous dirigeâmes vers la capitale.

Nous attendions beaucoup de Rome ; pas mal d’entre nous avaient lu « Tempo di Roma » de notre concitoyen Alexis Curvers et brûlaient d’impatience de confronter leurs impressions avec celles d’un romancier littéralement envoûté par la ville éternelle.

Notre attente ne fut pas déçue : on est allé d’enchantement en enchantement ; nous sommes montés au Capitole, nous avons exploré le Forum, parcouru la Via Appia, visité les sept basiliques, nous nous sommes quasi perdus dans le Vatican, nous avons flâné dans les jardins du Pincio et, pour avoir de la chance aux examens, nous avons jeté une pièce de monnaie dans la Fontaine de Trevi.

Bref, pendant quatre jours, nous nous sommes plongés jusqu’au cou dans la vie romaine et, aujourd’hui encore, nous en sommes tout éblouis.

Aussi bien, quant au terme de notre séjour romain, nous avons repris le train qui nous ramenait vers nos brumes nordiques, nous nous sommes murmuré, non sans un certain pincement au cœur : « a revederci Roma ! »

 

                                                                       Edy Meurice

                                                                       2ème LMH / 1962

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