ECOLE NORMALE DE MONS
ANNEE SCOLAIRE 1876-1877.
Questions posées à l’examen d’admission.
RELIGION
- Quelle différence y-a-t-il entre l’attrition et la contrition parfaite ?
- Quels sont les biens que nous recevons par le sacrement de pénitence. et quelles sont les conditions nécessaires pour se bien confesser?
- Notre-Seigneur. dans le sermon sur la montagne, a dit : Bienheureux ceux qui sont pauvres volontairement parce que le royaume des cieux est à eux. Explique: le sens de ces paroles.
CALLIGRAPHIE
2 lignes en grand. 2 en moyen et 1 en fin. Alphabet, majuscules et les chiffres. Texte pour l’expédiée.
ORTHOGRAPHE
L’amour de la patrie.
L’amour du sol natal est inné dans le cœur de l’homme, et cet amour est d’autant plus fort que nous sommes plus malheureux. Un sauvage tient plus à sa hutte qu’un prince à son palais.
Est-il, d’ailleurs, rien de comparable à la patrie? La lumière de son soleil dans laquelle se sont baignés nos premiers regards, est plus doux pour nos yeux; et son pain fut-il trempé de nos sueurs, nous semble avoir meilleur gout. Il y a dans tous les objets qu’elle nous offre, dans l’air que nous y respirons, dans tous les sons qui y frappent notre oreille, je ne sais quel charme sympathique, qui provient sans doute de ce qua toutes nos sensations se mêle un confus ressouvenir, et pour ainsi dire, une trace indistincte des personnes qui nous ont aimés.
La famille et la patrie réfléchissent l’une sur l’autre ce que leur caractère a de sacré. La famille, c’est la patrie en abrégé; la patrie, c’est la famille agrandie. Félicitons celui qui garde dans son cœur un culte à ces deux saintes affections. Il n’est point d’amertume dans la vie à laquelle elles ne mêlent quelque douceur.
Nous qui sommes Belges. Soyons fiers de porter ce nom.
Si la Belgique n’est qu’un petit pays, elle est grandie par son industrie et par le noble usage qu’elle fait de sa liberté.
Aimons la Belgique, cette terre heureuse où la constitution la plus libre fleurit à l’ombre de la royauté la plus populaire.
Aimons la Belgique; c’est le pays que nos pères ont fertilisé par leur travail, illustré par leurs vertus, défendu au prix de leur sang.
Que de glorieux souvenirs se rattachent à notre patrie ! Que de grands hommes et d’artistes ont porté au loin la gloire du nom belge !
C’est aux jeunes générations, c’est à vous, mes amis, qui êtes l’espoir ct l’avenir du pays, de suivre les nobles exemples do vos aïeux. Entretenez dans vos cœurs le patriotisme le plus sincère et le plus ardent; gardez comme un dépôt sacré cette précieuse indépendance que vous ont léguée vos pères; sachez la défendre, si un jour elle se trouvait menacée: à l’heure du danger, groupez-vous tous ensemble autour du drapeau national, vous souvenant de cette sage devise : l’Union fait la force.
REDACTION
Dans une de vos plus récentes promenades, vous avez rencontré un charretier brutalisant son cheval, parce que le pauvre animal ne pouvait gravir la cote, la charge du véhicule étant trop forte. Vous êtes intervenu. Vous avez: fait appel à la sensibilité du voiturier. Vous avez touché son cœur. Au lieu de frapper encore un serviteur si utile, il a eu recours à d’autres moyens et il a pu poursuivre sa route après vous avoir remercié de vos excellents conseils.
Ecrivez ce fait a un ami en y ajoutant quelques réflexions.
ARITHMETIQUE
- Quel est le poids du franc ? Montrez comment le franc dérive du mètre.
- On fond ensemble trois lingots d’or : le 1er au titre de 0.9, pèse 3O kg ; le second, au titre de 0.8, pèse 90 kg ; le troisième, au titre de 0.92, pèse 5O kg. Quel est le titre de l’alliage ?
- A quel taux l’argent est-il placé quand on reçoit 4 fr.50 centimes d’intérêt par an pour un capital de 104 francs.
HISTOIRE
1° Qu’appelle-t-on Croisades ? Racontez brièvement ce que vous savez du héros de la première croisade.
2° Enumère: les causes de la révolution de 1830: faites connaitre les nuits de cette révolution.
GEOGRAPHIE
1° Tracez le voyage par eau de Mons à Charleroi, et indiquez les principales localités que vous rencontrez sur votre route.
2° Nommez les mers formées par la Méditerranée et faites connaitre les pays baignés par chacune d’elles.
LANGUE FLAMANDE
Dictée. Thème. Version. Lecture d’un morceau.
INAUGURATION DE L’ECOLE NORMALE DE MONS
Le jeudi 9 novembre a eu lieu l’inauguration de 1’ecole normale de Mons, en présence des professeurs, des élevés et de leurs familles. Le magnifique réfectoire de l’établissement avait reçu une décoration de circonstance pour la cérémonie; des draperies aux couleurs nationales étaient suspendues au-dessus du buste du Roi. A 5 heures, le directeur de l’école a prononcé pour l’ouverture le discours suivant :
Messieurs,
Ce n’est pas sans une émotion profonde que je prends la parole dans une circonstance aussi solennelle. Le monument que nous inaugurons, souvenir impérissable du talent de l’architecte qui l’a conçu est un temple consacre non pas seulement à l’éducation de la jeunesse, mais à la formation des maitres eux-mêmes appelés a enseigner dans les écoles primaires. Or tout le monde en convient, l’avenir intellectuel et moral de nos populations dépend, pour une large part de l’instruction et des garanties morales offertes par les instituteurs. Il est donc naturel que le sentiment de la haute importance des fonctions que m’a confiées le gouvernement du Roi me pénètre vivement en ce moment.
Cependant, je me trouve soutenu par la pensée que la voie à suivre est clairement tracée. Mes collaborateurs et moi, nous n’avons, en-effet, qu’à nous inspirer de l’esprit et des traditions de la loi de 1842. L’enseignement normal organisé en vertu de cette loi, a déjà produit dans le pays des fruits abondants; et quand on songe à ce qu’était naguère l’instruction primaire et à ce qu’elle est devenue aujourd’hui, on ne peut qu’être fier du chemin parcouru depuis trente-quatre ans.
Appelés aussi à former des maitres, nous consacrerons d’abord nos efforts à avoir des instituteurs instruits; instruits surtout dans les matières qui sont l’objet essentiel de l’enseignement primaire et exercés à les enseigner par la pratique des meilleures méthodes pédagogiques. Cet objet essentiel a été très bien défini par la loi de 1842 et le quatrième Rapport triennal sur l’enseignement primaire l’expose avec une parfaite justesse. « D’après cette loi dit-il, l’école primaire a pour mission, non pas de former les enfants à l’exercice d’une profession spéciale quelconque mais de leur donner une bonne éducation morale et religieuse et les éléments de l’instruction nécessaire dans les diverses conditions de la vie.
Cependant si les matières prescrites par la loi doivent faire particulièrement l’objet d’un enseignement sérieux et approfondi, il a toujours été entendu qu’il n’y a là qu’un minimum.
Il est d’autres matières dont l’utilité est incontestable et dont l’enseignement fait partie du programme des écoles normales. Citons, par exemple, la tenue des livres, le dessin et la musique.
Il en est de même des sciences naturelles, qui, par les étonnantes découvertes qu’elles ont fait surgir, par l’intérêt qu’elles répandent sur le spectacle de la création, captivent au plus haut point les esprits de notre époque. Il faut donc, au moins, inculquer aux élèves normalistes des notions scientifiques suffisantes qui leur donnent la clef des phénomènes les plus généraux et leur inspirent le goût de développer plus tard, par la lecture, ces connaissances élémentaires. La culture maraichère et l’arboriculture se rattachent intimement aux sciences naturelles et en sont des applications fécondes. Aussi font-elles partie intégrante de nos programmes, avec l’approbation de tous les amis de l’enseignement. Et, en effet, tous les instituteurs de la campagne ont un jardin; ils peuvent y appliquer les connaissances qu’ils ont puisées à l’école normale et les propager parmi leurs élèves. Ce sont là, on ne peut hésiter à le reconnaître, des résultats importants et qu’il est sage d’assurer.